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Palerme 2025  flânerie poétique

Des poèmes de Verlaine avec des photos de voyage à Palerme

Les ingénus

Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,

En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent

Interceptés ! — et nous aimions ce jeu de dupes.

Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c'étaient des éclairs soudains de nuques blanches

Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.

Le soir tombait, un soir équivoque d'automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme, depuis ce temps, tremble et s'étonne.

J'allais par des chemins...

J'allais par des chemins perfides,

Douloureusement incertain.
Vos chères mains furent mes guides.

Si pâle à l'horizon lointain

Luisait un faible espoir d'aurore ;

Votre regard fut le matin.

Nul bruit, sinon son pas sonore,

N'encourageait le voyageur.
Votre voix me dit : « Marche encore ! »

Mon cœur craintif, mon sombre cœur

Pleurait, seul sur la triste voie ;

L'amour, délicieux vainqueur,

Nous a réunis dans la joie.

Il pleure dans mon cœur

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville ;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits !

Pour un cœur qui s'ennuie

Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.

Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,

Sans amour et sans haine,

Mon cœur a tant de peine !

Green

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,

Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous,
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.

Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,

Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête

Toute sonore encor de vos derniers baisers ;

Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

Le ciel est, par-dessus le toit...

Le ciel est, par-dessus le toit,

Si bleu, si calme !

Un arbre, par-dessus le toit,

Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,

Doucement tinte.

Un oiseau sur l'arbre qu'on voit

Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là

Simple et tranquille.

Cette paisible rumeur-là

Vient de la ville.

— Qu'as-tu fait, ô toi que voilà

Pleurant sans cesse,

Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,

De ta jeunesse ?

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